4 juin 2009

Les Blousons noirs. Mythes et réalités



vu sur http://www.blousonsnoirs.info

Pourquoi les “Blousons noirs” ? On peut se poser légitiment la question de savoir pourquoi et comment ce terme est apparu, surtout qu’il a fait flores et qu’encore aujourd’hui, cinquante ans après, il reste gravé dans les mémoires.

Tout commence le 24 juillet 1959, deux bandes de jeunes se donnent rendez-vous au square Saint-Lambert dans le XVème arrondissement de Paris pour en découdre. La bagarre n’aura pas lieu, en revanche des incidents sont à déplorer dans le quartier (bris de glace, agressions de passants…). Les journalistes vont se saisir de ce fait divers, et de celui concomitant de Bandol (des jeunes en vacances font peur aux touristes) pour faire leur Une sur la criminalité des jeunes en bande et la dangerosité du phénomène.

En deux jours tous les quotidiens titrent sur la question, aucun vocable n’a encore la prime, on parle soit de « tricheurs » (évocation du film du même nom de Marcel Carné qui est sorti à l’hiver 58), soit des gangs (référence aux États-Unis), soit de bandes de voyous, ou encore de J.V. (initiales signifiant « jeunes à vérifier » employées par la préfecture).

C’est à partir du 27 juillet à la suite de France-Soir que le terme “Blousons noirs” s’impose, partant de la description des jeunes « 10.000 garçons (blousons noirs et polos rouges) » qui deviennent au fil des articles « les blousons noirs », terminologie reprise par le préfet Papon qui, d’une certaine manière, le légitime. Cela sonne bien, c’est évocateur et imagé, c’est adopté ! Dès le 3 août 1959 et jusqu’à la fin de 1962 ces deux mots seront systématiquement synonymes de mineurs ayant commis des actes de délinquance.

Ainsi, comme ses voisins, la France a son qualificatif pour désigner sa jeunesse dite dangereuse. Le phénomène est en effet international, et chaque pays trouve des mots spécifiques pour décrire ses bandes de jeunes : des Vitelloni italiens aux Teddy Boys anglais en passant par les Taio-Zoku japonais ou les Skunna Folk suédois.

Les jeunes d’ailleurs eux-mêmes s’identifient à ces Blousons noirs et prennent vite l’habitude de surnommer leur groupe, ainsi sur le territoire de la Seine fleurissent des bandes répondant à de drôles de noms comme “La bande Fauchman”, “La bande des quatre routes”, “La BRRJL” (lire : Bande rebelle de la rue Julien-Lacroix) ou, plus prosaïque, “La bande du gorille”.

Ainsi naquit le Verbe… Les mots étaient trouvés, et en quelques jours le mythe est devenu réalité.



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